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Marcel

21 août 2007

II

Henri Geimer Da Sylva
Sté MIR
Lieu-dit Les Mortelles Attentes
Ailleurs.

Cher monsieur Aymard,

J'accuse réception de votre demande, datée du xx/xx/xxxx. Je vous prie de me faire parvenir la confirmation ci-dessous, datée et signée du jour de réception de ce courrier.
Il est dans mon devoir de vous rappeler que les demandes telles que celle que vous avez effectuée auprès de nos services sont irrévocables, aussi je vous prie de bien mesurer les conséquences qu'entraînera votre choix.

Je soussigné, Marcel Aymard, dit "Le Vates", résidant lieu-dit Les Paupières du Ciel encroûté, déclare avoir demandé le xx/xx/xxxx auprès de la sté MIR ( num. d'it. 1645987XK ) la mise en observation permanente de l'individu suivant :
Séherre, résidant dans un tentacule citadin, apparu sur terre inopinément, et exerçant la profession de metastase encrée.

Veuillez agréer, cher client, l'expression de mes sentiments respectueux.

H.G.D.S

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12 août 2007

I

Je venais d'arriver chez moi, au lieu-dit Paupières du ciel encroûté. J'avais laissé choir près de l'entrée mes bottes au bout élimé, que je devrais cirer me suis je dit, le bruit de leur chute s'était repercuté dans ma cervelle, des milliers de talons frappant des milliers de carrelage : le son ne s'arrêtait pas : je dois arrêter de boire : les soirées au bar avec Fredéric ne me réussissent donc plus, si j'étais vieux je dirais : j'ai passé l'âge mais ce n'est pas le cas. Mon corps ne résiste seulement plus, c'est tout. La gueule de bois et ses plaisirs, le bruit continuait dans ma tête. J'enlevai ma chemise : elle sentait les vapeurs de sueurs, de fumée de cigarette froide, et les verres de whisky et vodka que je m'étais enfilés. Je venais donc de me déshabiller, nu je me dirigeai vers la douche, où l'entrée dans la baignoire gelée ne se fit pas sans un brusque retour à la réalité : il était sept heures, le soleil à travers la vitre sale de ma salle de bain commençait à poindre, j'étais nu dans ma baignoire, mon ventre avait besoin d'une réduction pondérale certaine, les cernes zébraient mon visage comme des gouffres voraces, j'avais immensément besoin de sommeil, et l'eau mettait du temps à chauffer. Je n'ai pas le courage d'appeler le plombier, de nettoyer la vitre, de vivre dans un endroit décent : je ne suis pas de ces adaptés à la vie diaire. C'est gelé et toujours nu que, de retour dans mon salon aux murs un peu noircis par les fréquents feux de cheminée que je leur imposais, je remarquai, à côté du cendrier toujours rempli - je ne l'avais pas vidé depuis une semaine, si bien que les mégots toujours plus s'accumulaient en pyramide instable - la lettre enfin arrivée, de Henri Geimer da Sylva : elle avait tant mis de temps à me parvenir, que le fait de la voir me plongea dans une perplexité saisissante : alors je m'assis et allumai une nouvelle cigarette.

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